Apnée du sommeil
Quels sont les troubles respiratoires du sommeil ?
Les troubles respiratoires du sommeil se manifestent sous trois formes cliniques :
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L’apnée centrale du sommeil
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Syndrome d’hypoventilation du sommeil
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L’apnée obstructive du sommeil [i]
1.L’apnée obstructive du sommeil (AOS)
L’apnée obstructive du sommeil est une maladie commune caractérisée par une obstruction des voies respiratoires supérieures menant à un arrêt momentané de la respiration ou à une diminution de la respiration (hypopnée) accompagnée d’une diminution du taux d’oxygène et/ou de micro-éveils.
2.L’apnée centrale du sommeil
L’apnée centrale du sommeil (ACS) ce caractérise par l’absence d’effort respiratoire et de ronflement lors du sommeil contrairement à l’apnée obstructive du sommeil où le cerveau envois des signaux aux muscles respiratoires résultant un effort à reprendre la respiration normale.
3.Syndrome d’hypoventilation du sommeil
Syndrome caractérisé par une élévation progressive et soutenue de la pression partielle en CO2 avec une diminution progressive et soutenue de la saturation en oxygène au cours du sommeil.[ii]
Le texte ci-dessous s’attardera à l’apnée obstructive du sommeil. Un trouble pour lequel votre dentiste peut intervenir selon les critères plus bas.
Classification de l'AOS ?
La sévérité de l’apnée obstructive du sommeil est définie par l’indice d’apnées/hypopnées (IAH)
À noter : Le nombre d’heures de sommeil est le nombre d’heures totales passées à dormir et non le nombre total passé au lit.
Est-ce une condition qui touche beaucoup de personnes ?
Facteurs de risque et outils de dépistage
Pendant le sommeil, les muscles dilatateurs des voies respiratoires supérieures se détendent. Ceci, ajouté à plusieurs facteurs de risques, peut entraîner un blocage partiel ou complet des voies respiratoires. Un blocage partiel se manifeste par le ronflement. On peut ainsi dire que le ronflement est une alarme qui peut nous prévenir d’une possibilité de blocage complet qu’on qualifie d’apnée.
Une personne qui présente un surpoids ou bien un diamètre de cou plus grand sera plus à risque de connaître des épisodes de ronflement ou d’apnée. De façon imagée, les voies respiratoires supérieures peuvent être comparées à un gros tuyau. Ce dernier aura tendance à rétrécir en raison de la pression externe exercée par cet excès de structures.
L’impact que peut avoir les structures du cou sur le risque de faire de l’AOS est tel qu’un indice de prédiction de l’apnée du sommeil fut élaboré autour de ce facteur de risque.
Un résultat au-dessus de 55cm indique une probabilité élevée d’être atteint d’apnée obstructive du sommeil.
L’obstruction nasale, l’hypertrophie des amygdales ou adénoïdes ainsi qu’une mandibule reculée sont aussi des facteurs contribuant.
Outre le diamètre du cou, plusieurs outils de dépistage existent, mais aucun n’offre la précision nécessaire afin de remplacer les outils diagnostics.
Parmi les outils populaires, nous retrouvons l’échelle d’Epworth et le test STOPBANG que vous pouvez passer en ligne sur le lien suivant : http://www.stopbang.ca/osa/screening.php (version en anglais). Pour la version en français vous pouvez cliquer sur le lien suivant http://www.stopbang.ca/translation/pdf/freca.pdf [v].
Quels-sont les indices que je souffre du l'AOS ?
À noter que l’apnée du sommeil ne contribue pas à augmenter la nycturie (besoin d’uriner la nuit), mais provoque des éveils qui portent une personne à croire qu’elle s’est réveillée puisqu’elle doit uriner.
Diagnostic
Le diagnostic de l’apnée obstructive du sommeil ou d’autres troubles respiratoires du sommeil doit être fait par un médecin. Ces derniers sont les seuls à avoir les compétences nécessaires afin de diagnostiquer cette maladie et de prescrire le traitement nécessaire le cas échéant. Bien que votre dentiste ne peut vous confirmer si vous avez un trouble respiratoire du sommeil, ce dernier est habileté et se doit de dépister la maladie et de vous référer vers les ressources nécessaires à votre suivi. De plus, comme nous le verrons plus loin, votre dentiste peut traiter l’apnée du sommeil suite à une ordonnance de votre médecin.
L’outil diagnostic par excellence est la polysomnographie. Cette dernière s’effectue dans un laboratoire du sommeil ou plusieurs paramètres du sommeil sont enregistrés. Un tel test permet aussi le diagnostic d’autres troubles du sommeil autre que l’AOS.
La polygraphie cardiorespiratoire du sommeil est un examen simplifié exécuté à la maison qui s’avère suffisant au diagnostic de l’AOS. Ce test n’est pas un outil qui permet le diagnostic d’autres troubles du sommeil et doit donc être prescrit à des patients moins à risque de connaître ce genre de troubles.
Encore une fois votre médecin saura vous prescrire le test diagnostic le plus approprié à votre situation.
Que veut dire l'AOS pour ma santé ?
Plusieurs études ont mis en évidence une relation entre l’apnée obstructive du sommeil et des maladies cardio-vasculaires. On compte parmi elles l’hypertension[vi], les maladies coronariennes[vii], la fibrillation auriculaire[viii], dommages cardiaques[ix] et les maladies cerebrovascualaires (AVC)[x].
Quels sont les traitements ?
Thérapie par pression positive continue (PPC)
La thérapie par pression positive continue (PPC), mieux connue sous le terme CPAP (anglais) est le traitement de choix pour l’apnée obstructive du sommeil. Plusieurs appareils sont disponibles, mais le principe général reste le même. Celui de livrer un débit d’air contrôlé ayant pour effet de garder les voies respiratoires ouvertes. De façon imagée, on peut comparer les voies respiratoires à un bonhomme dansant qui lorsque alimenté par un débit d’air se tient debout et bien ouvert, mais qui s’affaisse lorsque le débit d’air est arrêté. Bien qu’efficace, le traitement par CPAP n’est pas toujours bien toléré par les patients.
Des traitements alternatifs existent. Parmi ceux-ci nous retrouvons les traitements chirurgicaux et le traitement par orthèse d’avancement mandibulaire.
Traitements chirurgicaux
L’approche chirurgicale se veut un moyen efficace de traiter les cas d’apnée du sommeil modérée et sévère. Une des techniques disponibles est la chirurgie orthognatique qui consiste à avancer le maxillaire et la mandibule afin de libérer les voies aériques supérieures.
Traitement par orthèse d’avancement mandibulaire
L’appareil d’avancement mandibulaire est une alternative dans la situation ou un patient n’adhère pas à la thérapie par pression d’air positive et n’est pas un candidat pour une approche chirurgicale.
En effet, les études rapportent que pour les cas d’AOS légère ou modérée, cette alternative offre des avantages non négligeables tout en affichant un taux d’adhérence au traitement supérieur au CPAP[xi]. Une étude conclue que l’utilisation d’un appareil d’avancement est comparable au CPAP dans les cas légers d’apnée du sommeil alors que le CPAP est supérieur dans les cas modérés et sévères[xiii].
Résultats de l’étude
70.1% des patients traités avec CPAP ont un IAH de moins de 5 après traitement
51.6% des patients traités avec un appareil ont un IAH de moins de 5 après traitement
Votre dentiste est le seul professionnel de la santé autorisé et formé afin de confectionner un appareil d’avancement mandibulaire. Ce dernier peut faire le dépistage de l’AOS et la traiter sous prescription d’un médecin. En plus de dépister et traiter, votre dentiste se doit d’assurer un suivis afin d’évaluer l’efficacité du traitement administré.
Bibliographie
[i] Eckert DJ, Malhotra A. Pathophysiology of adult obstructive sleep apnea. Proc Am Thorac Soc. 2008;5(2):144–153. doi:10.1513/pats.200707-114MG
[ii] Collège des médecins du Québec. Apnée obstructive du sommeil et autres troubles respiratoires du sommeil. 2014:1-94.
[iii] YOUNG, T.; PALTA, M.; DEMPSEY, J.; SKATRUD, J. et al. The Occurrence of Sleep-Disordered
[iv] FLEMONS, W. W. Obstructive Sleep Apnea. New England Journal of Medicine, 347, n. 7, p. 498-504, 2002
[v] Chung F et al. Anesthesiology 2008; 108:812-21, Chung F et al Br J Anaesth 2012; 108:768–75, Chung F et al J Clin Sleep Med Sept 2014
[vi] PEPPARD, P. E.; YOUNG, T.; PALTA, M.; SKATRUD, J. Prospective Study of the Association between Sleep-Disordered Breathing and Hypertension. New England Journal of Medicine, 342, n. 19, p. 1378-1384, 2000.
[vii] SHAHAR, E.; WHITNEY, C. W.; REDLINE, S.; LEE, E. T. et al. Sleep-disordered breathing and cardiovascular disease: cross-sectional results of the Sleep Heart Health Study. Am J Respir Crit Care Med, 163, n. 1, p. 19-25, Jan 2001.
[viii] MEHRA, R.; BENJAMIN, E. J.; SHAHAR, E.; GOTTLIEB, D. J. et al. Association of Nocturnal Arrhythmias with Sleep-disordered Breathing. American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, 173, n. 8, p. 910-916, 2006.
[ix] SHAHAR, E.; WHITNEY, C. W.; REDLINE, S.; LEE, E. T. et al. Sleep-disordered breathing and cardiovascular disease: cross-sectional results of the Sleep Heart Health Study. Am J Respir Crit Care Med, 163, n. 1, p. 19-25, Jan 2001.
[x] Arzt M, Young T, Finn L, Skatrud JB, Bradley TD. Association of sleep-disordered breathing and the occurrence of stroke. Am J Respir Crit Care Med. 2005;172(11):1447–1451. doi:10.1164/rccm.200505-702OC
[xii] WEAVER, T. E.; GRUNSTEIN, R. R. Adherence to continuous positive airway pressure therapy: the challenge to effective treatment. Proceedings of the American Thoracic Society, 5, n. 2, p. 173-178, 2008.
[xiii] HOLLEY, A. B.; LETTIERI, C. J.; SHAH, A. A. Efficacy of an Adjustable Oral Appliance and Comparison With Continuous Positive Airway Pressure for the Treatment of Obstructive Sleep Apnea Syndrome. CHEST, 140, n. 6, p. 1511-1516, 2011.
[xi]
IAH =
Apnées + Hypopnées
Heures de sommeil